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Ballade Sibérienne

21 avril 2005

Journée-découverte d'Irkoutsk

Pour la première fois depuis notre départ dans le transsibérien, nous nous sommes accordés une petite grasse matinée. Et je peux vous dire que ça fait du bien. Il y a des grasses mat' dans une vie qu'on oublie pas!!

On part à 12h de l'hôtel, direction le quartier nord-est de la ville. Nous commençons notre excursion par le musée des arts. A l'image de l'architecture d'Irkoutsk, les oeuvres présentées sont très hétéroclytes, il n'y a pas vraiment de fil conducteur. On passe de l'art mongol à l'art moderne, avec un détour par les icones... C'est assez étrange!
Deux créations nous ont marquées: un bronze " victime du fascisme" de Тышлер (1932), et un tableau d'art moderne "женский портрет" de Бродский (1974).

Nous avions prévu de visiter ensuite une sinagogue, mais surprise! nous nous sommes retrouvées devant un bâtiment ( la sinagogue?) qui tombait en ruine et qui était en train d'être reconstruit. Nous poursuivons donc notre chemin qui nous amène au musée des décembristes. Grâce à des guides très serviables et attentionnées, nous avons appris beaucoup de choses sur la révolte des décembristes du 14 décembre 1825, qui visait à renverser le Tsar. Cette visiste fut à la fois très enrichissante et très agréable. A notre sortie, nous avons assisté à une sorte de baptême équestre ( le musée se situant juste à côté), où des bouts de chou étaient posés sur des poneys et leurs mamans couraient dans tous les sens pour leur faire faire plein d'exercices. Il y avait une ambiance très festive, avec musique, ballons, affiches... Nous avons passé un bon moment car c'était très drôle!!
Pour clore notre journée nous avons traversé le grand marché de "choses" d'Irkoutsk. Par certains côtés, note Camille, il m'a beaucoup rappellé le grand marché de Bé à Lomé; comparaison amusante vu la distance qui les sépare.

Nous sommes rentrées doucement à l'hôtel, courbaturées et fatiguées d'avoir marché toute la journée: nos jambes n'en pouvaient plus! Nous avons passé notre soirée à ranger nos valises et à papoter avec Stewart que nous quittons le lendemain car lui rentre directement à Moscou avec Sarah et Svieta. Nous avons raconté à Camille tous les potins de l'obchejitie et des anecdotes de notre vie moscovite. Elle en a appris de savoureuses! Elle avait l'impression de connaître certaines personnes sans les avoir rencontrées ( pour leur respect, on ne citera pas de nom!! :)
Nous qui devions nous coucher tôt, c'est encore une fois raté! Mais bon, on aura bien le temps une fois rentré et nous voulons profiter de chaque instant donné sur la route du transsibérien alors nous reportons notre sommeil à un autre moment.

Dernière journée à Irkoutsk, dernière soirée. Magique. Inoubliable.  Всё!

Last  remark d'Estelle: Nous avons dit au revoir à notre Stewie qui m'a fait plein de guilis en guise d'adieux. Pour les autres, c'était un aurevoir en pensée!!

Last last remark: Nous avons marché et traversé l'avenue Karl Marx ( nos Champs Elysées) en long et en large pour trouver le café internet... c'est épuisées que nous avons écrit nos mails...
Oh! il y a aussi les délicieux pelmenis à la viade, poireaux, oignons vendus par des Mongols: les meilleurs que l'on ait mangés!!

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20 avril 2005

Legende de l'Angara.. fille du lac et belle amoureuse

Je vous raconte cette légende pour qu'elle reste vivante, comme ce feu vivant " jivoï ogon' ", si sacré dans la tradition slave. Elle nous a été contée par Sergeï, rencontré par hasard aux abords du lac. Un russe aux origines aussi nombreuses que les histoires qu'il nous raconta. Voici ce qu'il nous offrit:

dsc00803Le grand Baïkal était le père de trois cent trente six fils, comme les trois cent trente six rivières qui se jettent dans le lac, et d'une seule fille: Angara, du nom de la seule rivière qui en sort, une jeune fille à la beauté incomparable. Celle-ci tomba en amour du beau Ienissieï, un autre grand fleuve de Sibérie, dont elle entendit l'éloge de beauté et de puissance. Elle s'enfuit donc le rejoindre, mais le vieux Baïkal était contre cette union et désirait la voir épouser un autre, le puissant Irkout.Quand il apprit la fugue de sa fille bien-aimée, il détacha un rocher de la montagne et de rage le lança vers sa fille pour stopper sa course...mais elle était déjà loin, dans les bras de son fiancé. C'est pourquoi aujourd'hui l'Angara se jette dans l'Ienisseï et qu'un rocher dépasse de la surface de l'eau à l'embouchure de l'Angara, appellé le Rocher du chaman.

20 avril 2005

C'est elle?? La journée du bonheur ?!!

baikal2

Réveil dur dur avec la sensation angoissante d’être en retard et de louper le car qui part à 9h. A 8h-15 nous voilà partis pour une прогулка à travers Irkoutsk aux heures où la « Belle » s’éveille… Il fait -6° et le froid nous fouette (nous caline atténue Camille) le visage.
45 minutes d’émerveillement (les frissons me viennent rien qu’en l’écrivant) et chaque pas éveille en nous un attachement toujours grandissant pour cette ville.
Arrivés à la gare des cars nous achetons un petit biletik pour le bus de 9h, où nous nous retrouvons entourés d’Américains, partis également à l’aventure en Sibérie. Après 1h30 de trajet le long de l’Angara (environ 65km), nous arrivons à
Листвянка 
(Listvianka)… C’est-à-dire à l’embouchure de l’Angara et du lac Baïkal. Contrairement à ce que l’on pense évident, l’Angara découle du Baïkal !
Et à leur intersection se trouve le rocher célèbre tiré de la légende de l’Angara.
Le pied posé hors du bus, je cours au lac… une étendue gelée qui est bordée de montagnes et frappe par son immensité. Nous nous avançons sur la glace et trempons nos mains et pieds dans l’eau si pure…et si froide !! Mais pour 5 ans de plus à vivre, ça vaut le coup ?! Certains goûtent à l’eau car la glace craque à certains endroits, c’est seulement drôle pour les autres.
Un petit tour sur la glace puis le long du lac pour profiter du soleil qui brille de toutes ses forces, tentative vaine de combattre le froid. Nous en sommes quittes pour de beaux coups de soleil
J

Nous visitons un petit marché où nous mangeons un poisson typique de ce coin, l’omoul (
Омуль) et achetons quelques cadeaux.
Un petit thé au bord du lac pour se réchauffer du froid qui mord ?? Dans ce café où nous sommes restées deux bonnes heures, nous voyons un groupe de 6 personnes entrer. Nous remarquons tout de suite que ce sont des « nouveaux riches ». Bières et vodka coulent à foison sur leur table. Nous n’arrivons pas à détourner notre regard d’eux, tellement ils dénotent avec la pauvreté que l’on a pu voir jusque là en Russie. Deux des femmes ont un enfant, mais difficile de ressentir un instinct maternel dans ces deux jeunes adultes, qui pensent à notre impression surtout à s’amuser, ce qui à leur âge est tout à fait compréhensible !
Lors de notre ballade nous rencontrons un homme qui discute avec nous le long de l’eau, attendant un bateau pour l’emporter de l’autre côté de l’Angara, à Port Baïkal. Il s’appelle Evgueni. Il accepte de partager du temps avec nous pour discuter (nous l’écoutons surtout !) et il est vraiment intéressant. Il nous parle de sa région : depuis 12 ans il habite Irkoutsk. Il habitait avant en Ouzbékistan d’où il a dû partir en 90 lors de la révolution due au
распад
de l’Union soviétique. Il est ici chef cuistot à bord de bateaux !!
Nous apprenons de sa bouche quelques coutumes et croyances. Il paraît que les gens viennent ici pour renaître et mourir, serait-ce là l’eau de vie (non alcoolisée) des russes ?
Il nous parle de la pierre du lac Baïkal, le «
скарн » (skarn) qu’ils ramassent tout au fond du lac. Le dieu du lac Baïkal est Бурхан 
(Bourkhan) et prend forme dans des figurines porte-bonheur qui se vendent au marché. Les yeux bridés, le ventre plein; la première goutte tombée sur sa tête porte chance.

Suite de notre fabuleuse journée : musée du Baïkal où nous nous esquivons du guide pour étudier les données sur le lac : avec une profondeur de 1637m, une largeur de 27 à 80 Km et une longueur de 636 Km, une surface de 31 500 Km2, ce lac contient 20% des réserves d’eau douce mondiales. Et il a 25 millions d’années !!
Nous admirons aussi les espèces qui peuplent les alentours et le lac lui-même, en particulier certains poissons et deux phoques en aquarium (nommés «
нерпа
»). Un peu triste à voir…

Sortis du musée, 2 Km à marcher pour rejoindre le village et nous admirons le temps qui change et les lumières qui transforment le lac et les montagnes. Une partie du lac n’est pas gelée, celle qui touche le fleuve Angara. Cela permet aux bateaux de faire la liaison avec Port Baïkal qui se situe à l’est.
Revenus à Listvianka, il est bientôt l’heure de rentrer à Irkoutsk et c’est avec regret, car nous ne nous lassons pas de boire des yeux cette merveille naturelle…
Le bus nous berce au retour et nous observe rêver à ce que nous venons de vivre…

Retour de la station de bus à l’hôtel par la ville… nous trouvons en chemin un cybercafé qui tombe à pic pour communiquer à nos proches que nous sommes toujours vivantes et heureuses de l’être. Après une pause- pipi (il y a des pipis qu’on n’oublie jamais ;), nous rentrons doucement, comme à notre habitude, по улицам Иркутска… Et nous atteignons les berges de l’Angara qui nous accueillent avec un coucher de soleil digne de notre journée… c’est le ruban qui enrobe le cadeau.

De retour à l’hôtel nous dînons, bavardons, jouons aux cartes… et gardons les mirettes pleines d’étoiles !!

  Споконой ночи всем

19 avril 2005

Tellement d'excitation!!

Réveil pateux à 8h... Un magnifique lever de soleil se déroule sous nos yeux. Ils sont tout équarquillés et rejettent la brume de la nuit bien loin.

Descente du train et premiers pas à Irkoutsk:
* 1ère étape: acheter les billets de train pour Vladivostok ( non.. nous ne les avons pas encore!!) après avoir fait 3 guichets on trouve enfin le bon, et nous avons finalement nos billets en main.
* 2ème étape: trouver un hôtel. Et là commence une vraie galère. On suit Svieta qui avait pris une adresse sur internet. Oups.. on se retrouve devant un immense hôtel, type chaîne d'hôtels hors de prix. Les chambres le sont effectivement donc demi-tour.
2ème essai, cette fois on prend un taxi pour aller à l'adresse donnée par une pote d'Estelle. C'est très excentré mais on essaie quand même. Et là surprise: dans un immeuble minable d'apparence on entre dans une sorte d'auberge de jeunesse, très moderne. On se dit "наконец!" Mais malheureusement pour nous il n'y a plus de place... Des américains avaient été plus rapides que nous! Obligés de faire demi-tour encore une fois...
Notre dernière chance: un hôtel pris dans un guide touristique, l'hôtel "Agathe". Le chauffeur nous y accompagne, et discute avec la tenante de l'hôtel qui au premier abord déclare qu'il n'y a aucune place. Et après quelques phrases persuasives, il y a des chambres pour nous!! ( méthode typique russe de "договор" qui me fait toujours sourire...) Après s'être installés, nous prenons une douche. Quel bonheur!! Après 3 jours sans.. "Il y a des douches dans une vie qu'on oublie jamais, et celle-ci en fait partie!!"

Nous passons ensuite l'après-midi à se ballader dans la ville. Ce qui nous frappe énormément est le mélange hétéroclyte qu'offre cette ville: izbas à côté de grands bâtiments modernes de couleurs pastel, mélange ville/campagne. C'est beaucoup plus aéré que Moscou, avec plus d'arbres et moins de voitures. De plus les gens sont beaucoup plus accueillants que dans la capitale à notre étonnement. Ils sont vraiment charmants.
On visite 3 églises: l'église catholique polonaise, l'église de notre Seigneur et celle du Sauveur. Dans cette dernière se trouve un musée accueillant trois expositions que nous visitons: une de dessins d'enfants (de 10 à 15 ans) sur Irkoutsk: magnifique et riche en originalité et en couleurs. La deuxième est sur l'histoire de l'église et la troisième est une collection de... cloches aux tintinabulements bien différents située dans le clocher!!
On rentre tranquillou le long de l'Angara et en chemin on s'arrête dans un café viennois, très occidental.
Nous avons remarqué quelque chose de très curieux: les gens conduisent aussi bien le volant à droite qu'à gauche (??) Ca nous a assez interloqué, mais on en a compris la signification un peu plus tard: beaucoup de leurs voitures sont importées du Japon où les conducteurs sont assis à droite. Toute chose à son explication :)

Après quelques courses, nous nous retrouvons pour dîner et décider de notre programme du lendemain ( cad le lac Baïkal). Petit dîner sympatique à 4. Puis couvre-feu et jeu de cartes entre Cam et moi ( nous étions dans la même chambre, tandis que Sarah et Svieta partageait la leur et Stewart avait la sienne particulière... précaution des gérants??!) Couchage plus tard qu'esperé.. nous éteignons à 1h du mat' alors que le réveil est prévu à 6h45 !!!

18 avril 2005

3ème journée de train... direction Irkoutsk

Seule ville importante traversée: Krasnoïarsk. C'est le premier jour de soleil. C'est agréable et ça rend les paysages moins tristes, ces petits rayons de soleil dans les bouleaux c'est vraiment splendide ... D'ailleurs il y a du changement niveau végétation: finies les steppes, place aux petits villages à flanc de colline. C'est tout chou! Les maisons sont de toutes les couleurs et ça égaie sensiblement le tout. La neige recouvre toujours par-ci par-là le sol. Mais à certains endrois elle fond déjà et cela devient très marécageux, les arbres ont alors les pieds dans l'eau ( qui doit être bien fraiche!)

Dans l'après midi nous avons atteind la moitié du trajet entre Moscou et Vladivostok. On se fait à la vie du train, chacun vivant un peu à son rythme, selon sa ville de départ et son fuseau horaire. Et le train sert de berceuse. Le temps s'écoule doucement mais le train poursuit son chemin vers l'est. Nous sommes ici à la "conquête de l'est".

Aujourd'hui nous avons fait une petite réunion tous les 5 pour organiser notre séjour à Irkoutsk. Le plus important étant de trouver l'hotel et de prendre les billets de train pour les uns et d'avion pour les autres. Après on verra une fois sur place. Bon programme! ;)

Alice et ses grands-parents sont descendus à Kaïnsk. Elle nous a montré sa petite fille, une blondinette toute mimi, et on s'est dit bye-bye. Après avoir rechargé les batteries de la caméra, un magnifique coucher de soleil pointe son nez, quelle chance! C'est notre tout premier et on s'en met plein les mirettes!! De jolis petits посёлки défilent, baignés de soleil...

+ 5 h maintenant.. dur dur d'assimiler le rythme...

Depuis deux jours on voir régulièrement des champs qui sont entourés de flammes: ils sont mis en jachère mais c'est assez impressionant car le feu est près du train et des arbres!  Dernière soirée dans le train, mais attention soirée sans bières!! Stewart s'était fait piquer par je-ne-sais quelle mouche et était VRAIMENT surexcité. Il n'arretait pas de nous titiller, piquer nos affaires, bouger dans tous les sens... fatigant :)  Cam et moi avons papoté jusqu'à 2 heures du mat'..  entre temps un petit creux s'est fait sentir...et le paquet de chocopops est juste à côté de nous, pourquoi ne pas en manger?? Le problème c'est que ça croustille et le grignotement a réveillé Stewart qui ne peut plus se rendormir: he's really pissed off !! Nuit mémorable on peut le dire et peu de sommeil...

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17 avril 2005

Nous voilà en Sibérie!!

Ca y est ! Nous voilà en Sibérie !!

Ekaterinbourg est la ville-frontière entre l'Europe et l'Asie... Journée pas très dégagée, mais les paysages sont magnifiques. De grandes steppes s'ouvrent devant nos yeux et des bois de bouleaux (берёзы) se succèdent. Nous sommes au nord du Kazakhstan: nous avons traversé Omsk, Novossibirsk. Déjà 3h en plus par rapport à la capitale!!

Près de nous se sont installés une jeune fille et ses grands-parents. Ils avaient traversé le Kazakhstan jusqu'à Omsk sur 800 km en autobus!! Courageux... La jeune fille, qui s'appelle Олёса (Alice), doit avoir 20 ans et nous raconte qu'elle a un mari et une petite fille qui s'appelle Nastia. Elle vient d'une ville près de Krassnoiarsk. Elle nous explique que les gens de cette région considèrent leur langue comme la plus pure car elle vient du centre de la Russie. Alice nous a rejoint pour jouer aux cartes en soirée et nous apprend un nouveau jeu :  "мокрая курица" ou la poule mouillée... mais les lumières s'éteignent bien vite! Les gens semblent dormir tout le temps, donc 6 jeunes qui jouent aux cartes, ça fait du bruit et ça dérange! Une grand-mère vient nous dire de faire moins de bruit... difficile de s'interdire de rire..

Niveau hygiène, pas de douches malgré nos recherches dans le train. On se lave au gant et shampoing à sec!

Fin de la journée marquée par la traversée de l'Enissei et arrivée à 12h heure locale à Novossibirsk... un peu d'air frais est agréable et nous achetons du jus d'orange.

+ 4 h de décalage!!

La ville de Novossibirsk nous est apparue très moderne, sans doute plus que Moscou ( c'était peut-être dû à la nuit?!) C'est la 3ème ou 4ème ville la plus importante de Russie.

C'est l'heure de dormir: une nuit aux étoiles souriantes s'annonce!

16 avril 2005

1er jour dans le train

+ 1 h par rapport à Moscou 

Grandes villes traversées: Киров (Kirov); Перм (Perm); Екатеринбург (Ekaterinbourg), ville annonçant la Sibérie avec les montagnes de l'Oural.

A notre grand étonnement une des hôtesses de notre wagon est vraiment adorable, elle s'appelle Lydia. La banlieue de Moscou est très étendue et bien triste, avec parfois des sortes de « bidonvilles », ou plutôt des villages bien pauvres et peu de vraies routes. Le temps n’aidait pas : il faisait tout gris et le paysage apparaissait gadoueux.

Nous sommes tous les 5 partis à l’aventure : La traversée du Transsibérien Il y a 17 wagons et nous sommes dans le 1er … c’est donc un long périple ! Nous avons mis plus d’une heure à faire l’aller-retour !! De plus ça tangue donc il est important de se concentrer pour garder son équilibre. Un de nos passe-temps préférés : jouer aux cartes !! A cinq c’est plutôt marrant J Mais Sveta gagne tout le temps et ça énerve certains…

Repas-type à bord : des pâtes !! Presque à tous les repas… Avec Estelle on essaie de manger équilibré, donc on alterne avec des fruits et légumes (achetés avant le départ bien sûr ! Kiwis, courgettes, pommes, oranges, cornichons, mais…) Vive les vitamines !! On a pris l’habitude aussi de boire une bière en veillée accompagnée de soukhariki (petits gâteaux salés pour aider à boire plus vite !)

Près de nous est installée une dame accompagné d’une femelle boxer très bien élevée : c’est assez étonnant. Nous avons essayé d’attendre 1h37 (heure moscovite… qui est d’ailleurs la seule affichée dans le train.. perturbant quand on n’a pas de montre !!) pour profiter d’un arrêt du train à Ekaterinbourg, mais nous nous sommes endormis les uns après les autres… Estelle a lu l’Education d’une fée jusqu’à 1h20 et s’est assoupie. Sarah et Stewart ont trouvé les forces pour se lever !! Quel courage !

+ 2 h déjà par rapport à Moscou

Всё уже конец дня… пора спать !!  

carte_transsiberien

15 avril 2005

Le jour du Départ

Pour moi, précise Camille, il y a eu deux départs: celui de Paris et celui de Moscou. Le voyage Paris-Moscou est passé bien vite, le temps de lire un livre et ça y est: je suis arrivée!

Zoup... la plume a glissé à Estelle. Je suis allée chercher Cam à l'aéroport à 18h. Elle était presque arrivée à l'heure!! C'était tellement fou, tellement magique de la voir en face de moi:-) Puis on a pris le bus pour rentrer à la maison. Après un changement raté et un long raccourci dans le métro ( ne rêvons pas je n'ai pas changé.. ;), nous sommes finalement arrivées à l'obchejitié (mon foyer). Le "mean okhranik"  était là et malgré la feinte de Camille de prendre du pain pour faire croire qu'elle habitait ici, il l'a tout de suite remarquée et lui a demandé son passeport!! La miss a donc du attendre en bas dans le hall et on l'a rejointe pour aller au resto: moi, Pierric, Stewart, Sarah et Svieta. Nous sommes allés dans une chaîne de restos russes: МУ-МУ ( référence à une oeuvre de Pouchkine je crois). Pelmenis, blinis, soupe... repas bien copieux!! Mais qui nous a fait sortir bien tard et "spiechit" (depêcher) vers le foyer. Nous avons attrapé nos bagages et paniqué en voyant nos montres: 23h-05. Le train part à 23h25 et il faut prendre le métro...

Nous avons tous couru et sommes arrivés essouflés et le visage tout rouge et mouillé dans le train à 23h20.. Pas le temps pour une dernière cigarette. Juste assez pour faire un bisou à Pierric qui nous quitte sur le quai, l'air triste. C'est un peu le bazar pour s'installer, trouver nos marques et on a chauuuuuud !! Cam et moi on s'installe sur les couchettes du haut, Stewart et Sarah en bas et Svieta sur le côté, un peu plus loin. On commence à sécher, on prend une tite bière (en Russie on s'habitue vite à ne pas l'oublier) ... finalement le temps passe vite et il est deux heures quand Morphée nous ouvre ses bras!

13 avril 2005

Etape indispensable: les courses!

Veuillez excuser le manque de précision quant aux dates que je mentionne... ma mémoire me fait défaut . Surtout quand il s'agit de prendre le transsibérien: je perds tous mes repères!
Bref aujourd'hui, hier ou demain, nous sommes allés faire les courses pour notre voyage... acte anodin et dénué d'importance vous me direz... Faux!!! Les courses représentaient alors tout ce qui allait nous permettre de survivre pendant 15 jours, mais surtout pendant 3 jours et demi d'affilés jusqu'à Irkoutsk! Nous ne savions pas alors que des petits présentoirs de nourriture tenus par des babouchkas allaient être disposés le long des quais à la plupart de nos arrêts quotidiens.
Il nous fallait donc prévoir minutieusement toute une liste...
D'abord ce fut chacun sa sauce pour ainsi dire: plutôt fruits pour l'un, gateaux pour les autres mais SURTOUT ne pas oublier les indispensables nouilles lyophilisées sans lesquelles nous aurions été désemparés ;)
Ensuite tout est question de bon sens: des couverts, des chocopops pour les ptis creux, du thé pour se faire passer pour russe, du savon pour ne pas trop cocotter (absence totale de douche!)
Et puis une boule au ventre: ai-je pris ce qu'il fallait, je ne vais pas avoir trop froid?, et maman n'est même pas là pour me rappeller les dernières recommandations essentielles...

La hâte, le stress, la tension monte: plus que deux jours!! Tout notre conscient est tendu exclusivement vers ce départ... plus rien d'autre n'existe. J'imagine Camille en France qui vit la même chose:
ON PART BIENTOT!!!

1 avril 2005

*Blaise Cendrars...Prose du Transsibérien*

En ce temps-là, j'étais en mon adolescence
J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J'étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J'étais à Moscou dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n'avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon coeur tour à tour brûlait comme le temple d'Ephèse ou comme la Place Rouge de Moscou quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j'étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu'au bout.

Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare croustillé d'or,
Avec les grandes amandes des cathédrales, toutes blanches
Et l'or mielleux des cloches...
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorod
J'avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s'envolaient sur la place
Et mes mains s'envolaient aussi avec des bruissements d'albatros
Et ceci, c'était les dernières réminiscences
Du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer.

(...)

Et toutes les vitrines et toutes les rues
Et toutes les maisons et toutes les vies
Et toutes les roues des fiacres qui tournaient en tourbillon sur les mauvais pavés
J'aurais voulu les plonger dans une fournaise de glaive
Et j'aurais voulu broyer tous les os
Et arracher toutes les langues
Et liquéfier tous ces grands corps étranges et nus sous les vêtements qui m'affolent...
Je pressentais la venue du grand Christ rouge de la révolution russe...
Et le soleil était une mauvaise plaie
Qui s'ouvrait comme un brasier

(...)

Et ma vie ne me tient pas plus chaud que ce châle écossais
Et l'europe toute entière aperçue au coupe-vent d'un express à toute vapeur
N'est pas plus riche que ma vie
Ma pauvre vie
Ce châle
Effiloché sur des coffres remplis d'or
Avec lesquels je roule
Que je rêve
Que je fume
Et la seule flamme de l'univers
Est une pauvre pensée...

(...)

"Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre?"

Oui, nous le sommes, nous le sommes
Tous les boucs émissaires ont crevé dans ce désert
Entends les sonnailles de ce troupeau galeux Tomsk Tcheliabinsk Kainsk Obi Taïchet Verkné Oudinsk Kourgane Samara Pensa-Touloune

La mort en Mandchourie
Est notre débarcadère est notre dernier repaire
Ce voyage est terrible
Hier matin
Ivan Oullitch avait les cheveux blancs
Et Kolia Nicolaï Ivanovovich se ronge les doigts depuis quinze jours...
Fais comme elles la Mort la Famine fais ton métier
Ca coûte cent sous, en transsibérien ça coûte cent roubles
En fièvre les banquettes et rougeoie sous la table
Le diable est au piano
Ses doigts noueux excitent toutes les femmes
La Nature
Les Gouges
Fais ton métier
Jusqu'à Kharbine...

(...)

A partir d'Irkoutsk le voyage devint beaucoup trop lent
beaucoup trop long
Nous étions dans le premier train qui contournait le lac Baïkal
On avait orné la locomotive de drapeaux et de lampions
Et nous avions quitté la gare aux accents tristes de l'hymne au Tzar
Si j'étais peintre, je déverserais beaucoup de rouge, beaucoup de jaune sur la fin de ce voyage
Car je crois bien que nous étions tous un peu fou
Et qu'un délire immense ensanglantait les faces énervées de mes compagnons de voyage
Comme nous approchions de la Mongolie
Qui ronflait comme un incendie
Le train avait ralenti son allure
Et je percevais dans le grincement perpétuel des roues
Les accents fous et les sanglots
d'une éternelle liturgie.

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